La demande en mariage

Présentation de l'éditeur 4éme de couverture :

Tragi)comédie en 4 actes

Au 18me siècle dans un  manoir campagnard, le baron et son épouse attendent  la visite de Bertrand, le fiancé de Clotilde,leur fille, pour qu'il fasse officiellement sa demande en mariage.Victor le valet du baron tout en consolant le baron de de la mort de son chien  commente la situation avec une certaine effrontrerie, n'ignorant pas les insuffisances de Bertrand et l'innocence de  sa fiancée.

Personnages

Le Baron, 47 ans

Victor, son valet principal 35 ans

La Baronne, 46 ans

Clotilde, fille du baron et de la baronne 18 ans

Marguerite, la servante

Bertrand, fiancé de Clotilde 25 ans

Un homme, messager de Bertrand 30 ans

Le Marquis de Latenaille, père du fiancé 52 ans

La Marquise de Latenaille, mère du fiancé 50ans


Lieu : Le salon d'un petit château ou d'un manoir


Époque : 18 ème siècle, bien avant la Révolution


Acte I Jour I le matin

Acte II Jour I l'après-midi

Acte III: Jour 2 l'après-midi

Acte IV Jour 3 l'après-midi


extrait

Acte I

Scène I


Le baron est assis dans son fauteuil , il a l' air fatigué. Son valet Victor est près de lui


LE BARON - Que diable faisons nous, Victor, sur cette terre ?

VICTOR- Monsieur, je ne puis répondre. La réponse est trop difficile

LE BARON -Je suis d'humeur mélancolique, vous le voyez

VICTOR -Vous êtes triste mais considérez les humeurs comme les nuages, elles s'en vont d'elles-mêmes, bientôt il ne restera qu'un ciel bleu et le soleil. Soyez un peu patient.

LE BARON - Mon petit chien est mort il y a une heure. Il est mort ce matin

VICTOR - Oui, je sais

LE BARON - Il a beaucoup souffert.

VICTOR - Par votre faute

LE BARON - Comment cela ?

VICTOR -Vous auriez pu abréger ses souffrances

LE BARON - Je n'ai pas osé.

VICTOR - Ceci explique votre tristesse; monsieur est trop sensible

LE BARON - Il y a aussi mon épouse.

VICTOR - Oui je sais

LE BARON- Madame la baronne est souffrante, je le sais. Vous n'allez pas me conseiller d'abréger ses souffrances

VICTOR - Non, non, juste pour un petit mal de tête, ce serait prématuré. Ce soir elle sera remise et vous la retrouverez comme avant.

LE BARON - Dieu soit loué !

VICTOR - Faut-il vraiment s'en réjouir ?

LE BARON - C'est vrai, son fichu caractère mais c'est mon épouse et je lui pardonne

VICTOR - Si je peux me permettre de dire, vous pardonnez trop , vous êtres trop indulgent

LE BARON - Je connais mes faiblesses. En ce moment, je suis dans une profonde dépression.

VICTOR - N'exagérez pas. Ne confondez pas un peu de tristesse avec une dépression parce que votre petit chien est mort...L'erreur des gens riches comme vous est d'exagérer vos petits malaises ridicules

LE BARON - Ridicules? Vous ne croyez pas que vous exagérez aussi !

VICTOR - Pensez à tous ces malheureux sur terre qui ont de graves soucis et qui ne mangent pas à leur faim. Voila qui devrait relativiser vos états d'âme.

LE BARON - Vous avez sans doute raison

VICTOR - J'ai toujours raison

LE BARON - N'exagérez pas non plus. Vous n'êtes que mon valet. Ne commettez pas, j'allais dire, bien que ce soit aussi exagéré je l'avoue, un crime de lèse-majesté. Je suis votre maître

VICTOR - Votre majesté

LE BARON - Point d'ironie, voulez-vous ? ...Bon je vous apprécie malgré tout. Vos conseils sont souvent judicieux et votre intelligence m'effraie parfois. Il est étonnant que vous ne soyez pas né parmi nous aristocrates mais d'un rang inférieur. J'ai eu grand plaisir à vous engager sous la recommandation du marquis de Valais et je ne m'en plains pas. Il avait remarqué chez vous des dons peu ordinaires.
VICTOR - Monsieur, je connais vos soucis. Toutes ces richesses et ces possessions vous accablent. Être embarrassé de toutes ces choses et devoir vous en occuper est une tâche difficile. On mésestime trop souvent les soucis des gens fortunés. Ils en perdent le sommeil sans parler des soucis familiaux, épouse, fille, fils, cousins, cousines, neveux, nièces, que de soucis et de misères !

LE BARON - A qui le dites-vous ?

VICTOR - Je compatis...Vous vous rappelez que vous recevez tout à l'heure le prétendant de votre fille. Il va officiellement lui demander sa main cet après-midi.

LE BARON - Oh oui, je m'en souviens et je ne suis pas en forme, ni physique ni mentale. Je ne suis pas dans mon état normal.

VICTOR- C'est assez fréquent monsieur et je le regrette mais je suis là pour vous aider. Pour la visite, ne vous alarmez pas. Tout se passera bien

LE BARON - Nous verrons bien




Scène II


La baronne entre

LA BARONNE - Bonjour , messieurs

VICTOR- Bonjour madame la baronne

LE BARON - Bonjour ma chère, allez-vous mieux?

LA BARONNE - J'ai un épouvantable mal de crâne et le nez bouché. Toutes les fumigations n'ont servi à rien. J'ai cru m'ébouillanter le crâne. Cette servante ne distingue pas le chaud du froid, elle n'est pas très maline.

VICTOR - Les serviteurs sont comme les autres êtres humains. Il en existe une grande variété - d'une grande sottise ou d' une grande intelligence.

LA BARONNE - Je suppose que vous ne vous vous situez pas parmi les sots

VICTOR - Puisque c'est vous qui le dites.

LE BARON - Le petit chien est mort

LA BARONNE - Oui et alors ? Nous devons tous mourir. Ce n'est qu'un chien

LE BARON - Médor était mon chien préféré

VICTOR - Vous l'aimiez trop..Trop d'affection mène à la souffrance, il ne faut pas s'attacher pour ne point souffrir.

LA BARONNE - Monsieur le baron ne souffrira donc pas quand je quitterai ce monde?

LE BARON - Ma chère, que dites-vous là, vous m'êtes chère, je me soucie de vous, n'étais-je pas en train de parler à Victor de votre mal de tête?

VICTOR - C'est exact, je le confirme

LE BARON - Quant à mourir, je vous précéderai madame, ainsi que le font la plupart des hommes par politesse. Ne vous souciez pas

VICTOR : Allons, vous êtes jeunes encore. La vie des hommes est plus longue que celles des chiens, vous avez le temps de penser à la mort.
LE BARON - Mais j'y pense souvent et cela m'effraie. J'y pense beaucoup en ce moment.

VICTOR - Ce n'est qu'un moment passager. Vous êtes triste. Seulement quand un être cher disparaît, on y pense, on s'interroge. Puis on oublie .

LE BARON - Quand je pense que je vais mourir !

LA BARONNE - Arrêtez. Vous êtes morbide. Tout ça à cause d'un cabot. Pensez plutôt à votre fille

LE BARON - Elle nous cause des soucis

LA BARONNE - Quels soucis ? Nous allons la marier

LE BARON - Avec cet idiot de marquis ?

LA BARONNE - Idiot. Non, il est fort riche. Quand on est riche, on n'est pas idiot.

VICTOR- : Hum hum(se raclant la gorge) Puisque vous le dites..

LE BARON - Croyez-vous que notre fille soit un cadeau pour ce jeune homme ?

LA BARONNE - Elle a ses qualités et ses défauts comme tout le monde

LE BARON - Plus de défauts que de qualités….. Comme sa mère

LA BARONNE - Que dites-vous là ? Je suis la meilleure des mères

LE BARON - Et la meilleure des épouses...tant que vous y êtes.

LA BARONNE - Et la meilleure des épouses je n'en doute pas , je n'en ai jamais douté.

LE BARON( soupirant) - Heureux ceux qui ne doutent jamais !




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